Dans "1h55" de Tiakola, en featuring avec Rsko et Hamza, chaque vers et chaque punchline sont imprégnés d'un sentiment de mélancolie, de succès, mais aussi d’une certaine vulnérabilité. Le morceau est une ode sophistiquée à la fois à la nuit tardive, aux relations complexes, et à la vie tumultueuse de ceux qui jonglent entre le succès et les tentations qui l’accompagnent.
Le titre de la chanson, "1h55", évoque une heure nocturne spécifique, une plage horaire où tout semble possible, mais où tout peut aussi s'effondrer. Il n'est pas rare dans la musique, notamment dans le milieu du rap et du R&B, de situer une intrigue dans ces temps incertains, où les pensées s’éclaircissent ou se brouillent. Dans ce morceau, Tiakola, Rsko et Hamza dressent un tableau de leurs situations, habillés de succès mais toujours hantés par des doutes personnels et des dilemmes relationnels.
À 1h55 du matin, ce n’est plus le moment de la fête, mais pas encore celui de la fin. C’est une heure où des conversations profondes peuvent émerger, où les voix se font plus basses, et les regards plus intenses. Il s'agit là d'une réflexion sur la vie sentimentale des protagonistes, mais aussi sur leur rapport à la célébrité et à l’isolement, une thématique récurrente dans la musique de Tiakola, Hamza et Rsko.
Dès les premières notes, "1h55" se place dans une ambiance lente et brumeuse, presque enivrante. Cette production envoûtante, signée par des producteurs talentueux comme Loubensky et Foosey, accompagne la voix douce et autotunée de Tiakola, qui se demande à plusieurs reprises combien de temps une relation ou une situation peut durer. L'heure mentionnée dans le titre donne le ton de la chanson : elle est inflexible, et time les instants précieux ou douloureux de cette nuit.
L'un des thèmes principaux de la chanson est la gestion de la célébrité et la manière avec laquelle elle peut rendre quelqu'un isolé, voire suspicieux dans ses relations. La célébrité confère à Tiakola, Rsko et Hamza une sorte de "superpouvoir", mais en même temps, elle semble les empêcher de mener une vie sentimentale normale.
Prenez par exemple les paroles :
"J’connais les failles, elle dit qu’elle veut pas m’voir". (Tiakola)
Ici, Tiakola aborde une dynamique toxique où il semble être à la fois conscient de ses erreurs, mais semble également piégé par ses propres habitudes. Cette lucidité face aux écueils des relations compliquées est une première indication que "1h55" est une réflexion sur ses propres actions et les conséquences qu’elles ont sur son entourage. Le succès ne le protège pas des émotions difficiles, il ne fait que les exacerber.
Rsko, dans son couplet, met en lumière un aspect plus physique et matérialiste de la réussite. À 1h55 du matin, tout semble flou, mais c’est aussi le moment propice pour des aventures impromptues. On bascule ici dans le hedonisme :
"J’suis dans l’Binks avec Rsko, t’as vu la vie qu’on mène".
Un vrai contraste avec le couplet lucide de Tiakola. Rsko semble accepter cette vie d'excès, voire l'embrasser, rappelant que la nuit peut autant être synonyme de pertes de contrôle que de jouissance. Même si Rsko choisit d’avancer sans regarder en arrière, on perçoit un soupçon d’hésitation dans le fait qu’il se pourrait bien qu’il ne fasse que camoufler la solitude avec ses actes.
Hamza, quant à lui, apporte sa signature reconnaissable à la chanson : un flow langoureux et presque nonchalant, se battant lui aussi entre la dualité des plaisirs éphémères et les questionnements plus profonds. Avec des phrases telles que :
"Elle m’appelle tard, c’est dangereux (ouais), mais j’suis dans le love, c’est fâcheux"
Hamza met en lumière cette attirance pour le danger, cette incapacité à dire non à une aventure ou à une situation toxique, simplement parce qu’elle permet de ressentir quelque chose. Il déconstruit de manière élégante l'idée que l'amour et le succès suffisent à combler les vides de la vie. À "1h55", il faut bien plus que cela pour écarter les doutes.
Un autre thème récurrent du titre, et qui fait écho à celui des précédentes chansons des trois artistes, est l’évocation de la figure féminine. Mais cette dernière y est mystérieuse, insaisissable et souvent une source de frustration. Les personnages féminins mentionnés ne sont jamais pleinement accessibles. Elles sont proches mais distantes, présentes mais fantomatiques.
"Elle s’éloigne peu à peu, ça m’rend fou" (Hamza).
Dans cette ligne, Hamza exprime cette frustration que l’objet de son désir s’éloigne toujours un peu plus, malgré les efforts fournis ou la proximité physique. Cette dynamique est un miroir parfait des thématiques de la chanson : le temps passe, les relations se construisent tard dans la nuit mais elles sont aussi vouées à disparaître aussi vite qu'elles sont advenues.
Il est important de noter ici que l’heure précise dans le titre, "1h55", n’est pas anodine. Elle symbolise le passage du temps non seulement dans la chanson, mais aussi dans la vie des artistes. L’heure s’emballe, les relations viennent et partent, tout se fait plus intense avec les lumières tamisées du début de matinée. Tout semble plus viscéral.
Au fur-et-à-mesure que la chanson avance, les trois artistes semblent déambuler dans une rêverie, entre instabilité amoureuse et réflexion interne sur leur propre capacité à aimer. Tiakola prend le rôle celui qui questionne plus profondément son rôle dans ces relations, presque coupable de ne pas pouvoir donner plus, Rsko choisit l’attitude de celui qui "profite" jusqu'à ce que le cœur soit brisé, tandis que Hamza incarne cette hésitation entre le danger et le désir.
Les paroles prises dans leur ensemble illustrent un moment de flottement, où tout reste possible mais où les chances de bonheur s'amincissent avec chaque minute qui passe. Ce côté mélancolique se marie parfaitement avec la production envoûtante qui crée une atmosphère à la fois planante et lourde.
Si l'on résume l'essence de "1h55" de Tiakola avec Rsko et Hamza, on peut affirmer que le morceau est une métaphore récurrente sur la fuite du temps, le goût amer du succès et l’amertume des relations éphémères. À travers des paroles introspectives mais également insolentes, les trois rappeurs construisent une ambiance aussi envoûtante qu’éphémère, où tout se joue à 1h55 du matin, une heure charnière entre la folie passagère et la solitude durable. Les punchlines directes et percutantes nous plongent dans une réflexion bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord.
Ainsi, l'explication des paroles de "Tiakola - 1h55 (w/ Rsko, Hamza)" est un voyage à travers les sentiments contradictoires de ces artistes (succès, désir, frustration), qui semblent coincés dans cette douce torpeur que seule la veille de l'aube peut offrir.